L'Herbu

Le blog d'Alain Dubois, Saturnin Pojarski et Augustin Lunier

Qui fera taire Barbier ?

Christphe Barbier sur BFMTV, 29 mars 2020

Christphe Barbier sur BFMTV, 29 mars 2020

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Chacun sait que Christophe Barbier, ex-directeur de l’Express, éditorialiste de BFMTV et invité, avec son écharpe rouge, sur de nombreux plateaux, est un « militant politique proche de l’extrême droite », comme l’a dit Mélenchon. En France il existe quelque chose qui s’appelle la liberté de pensée et d’expression. Mais la manipulation délibérée des faits entre-t-elle dans cette catégorie ?

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L’abject Christophe Barbier n’en est pas à son premier mensonge, toute honte bue, pour faire passer sa propagande pro-capitaliste et anti-ouvrière sur les plateaux télé. Nul ne s’en étonne et ne s’y laisse prendre. Mais n’atteint-il pas un degré limite dans la désinformation lorsqu’il n’hésite pas, dans un « débat » il y a quelques jours sur BFMTV avec l’urgentiste Christophe Prudhomme (<http://canempechepasnicolas.over-blog.com/2020/03/covid-19-nous-ferons-tout-pour-qu-il-y-ait-un-apres-par-le-docteur-christophe-prudhomme.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail>), à affirmer que, lors des dernières années, « aucun parti politique » n’a demandé à Macron et ses gouvernements d’arrêter la casse des services publics, notamment concernant la santé, la fermeture de 100.000 lits, des établissements de proximité, etc. ? Et parmi ses complices de BFMTV, aucun n’est là pour relever le mensonge. Il n’est pourtant pas difficile de vérifier que cette question est non seulement depuis des années un des points centraux du programme des Insoumis, mais qu’elle apparaît aussi chez Hamon, le NPA, LO et même le parti « socialiste ». Mentez, mentez, il en restera toujours quelque-chose. La République est garante de la liberté d’expression ? Peut-être, ou du moins quand il s’agit de l’expression des puissants. Mais la liberté de mensonge délibéré ?

Le plus intéressant dans ce débat sur BFMTV fut toutefois non pas cette affirmation répugnante de Barbier, mais sa réussite « invisible » dans une autre dimension du débat : il admit que, certes, quelques « lanceurs d’alerte » avaient crié au loup, mais que nul ne les avait écoutés. Et Prudhomme, manipulé à son insu par le langage, de reprendre le terme « lanceurs d’alerte ». Mais il ne s’agissait nullement de « lanceurs d’alerte ». Par définition, ces derniers sont des individus isolés, qui prennent des risques personnels pour faire passer un message qu’ils estiment importants pour la société, pour les citoyens. Mais sur cette question de la casse de l’hôpital public, ce ne sont pas des « individus isolés » qui se sont exprimés depuis des années. Ce sont les travailleurs, organisés avec leurs syndicats, qui ont organisé des grèves, des manifestations, signé des pétitions, fait des déclarations. Certes, comme d’habitude, la seule réponse qu’ils ont obtenue du pouvoir macronien a été le mépris, les gaz lacrymogènes, les charges policières, etc… Arriver à gommer cela pour dire que seuls quelques « lanceurs d’alerte » avaient appelé dans le désert à la mobilisation, et que nul parti politique ne les avait relayés, c’est tout de même fort de café. Qui demandera à BFMTV de publier un démenti, et d’interdire d’antenne un tel menteur, manipulateur et propagandiste malhonnête ?

 

Alain Dubois

31 mars 2020

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