__________
La situation mondiale est devenue assez grave (effondrement biogéoclimatique en cours, attaques mondiales sans précédents des Etats contre les droits sociaux, l'enseignement, la santé, etc., guerres civiles en cours et en préparation, agression impérialiste en Ukraine, risque croissant de conflit mondial et d'utilisation d'armes nucléaires, sans parler d'accidents nucléaires "civils") pour qu'il devienne urgent d'unir tous ceux qui veulent en finir avec la cause commune de toutes ces menaces à la survie même de l'humanité, qui est le système capitaliste. Pour cela il est urgent de comprendre que l'opposition entre les conceptions "marxistes" et"écologistes" de la lutte pour changer le monde a été créée de toute pièce par le stalinisme (et ses avatars), soutien principal du capitalisme depuis un siècle. Pour cela une nouvelle lecture de Marx est nécessaire, comme nous y invite Vincent Présumey.
_________
Dans ce monde où des millions de gens se disent "marxistes" mais n'ont jamais lu une ligne de Marx, il est incongru mais réconfortant qu'existent encore des gens qui se coltinent la tâche de lire les 7000 pages du Capital, livre inachevé mais fondamental pour tenter de comprendre le monde contemporain. Vincent Présumey s'est attelé à cette tâche et présente une "introduction" (de 100 pages tout de même) à la lecture de cette "montagne", dans laquelle il souligne plusieurs incompréhensions qui ont accompagné cette oeuvre depuis sa rédaction. La plus importante à notre époque est celle de la "pensée écologique" de Marx, passée sous silence par les staliniens, et encore inconnue de nos jours aussi bien par les "marxistes" que par les "écologistes" - malgré plusieurs ouvrages récents qui commencent à soulever ce couvercle, dont notamment en français "Marx écologiste" de John Bellamy Foster (Editions Amsterdam, 2011) et "La nature contre le capital" de Kohei Saïto (Syllepse, 2021). Aujourd'hui, l'élargissement nécessaire de la notion de prolétariat, "tendant à englober la majeure partie de l'humanité" (rejoignant ainsi la notion de "classe écologique" de Bruno Latour mais dans une perspective matérialiste et pas idéaliste) est l'expression de cette actualisation de la pensée de Marx, mais donne une urgence encore plus grande à la lutte pour une révolution prolétarienne mondiale.
Même si nous avons tous de grandes chances de "crever la gueule ouverte" dans les décennies à venir suite à la destruction des conditions de vie sur cette planète causée par cette monstruosité qu'est le capitalisme (avec l'appui depuis un siècle du stalinisme et de ses avatars), il sera peut-être réconfortant pour certains de se dire qu'il n'y avait là aucune fatalité, et que, si "les peuples" avaient été, ou étaient encore, capables de nous débarrasser de ces deux cancers mortels, l'issue eut pu être différente.
Alain Dubois
20 août 2023