17 Décembre 2018
__________
Les infos de France 3 viennent de publier une photo caviardée, comme au bon vieux temps de Staline. Ce n'est qu'une manipulation de plus des médias. Une autre est la mise en exergue du mot d'ordre du "RIC", destiné à réléguer dans l'ombre celui de "Macron démission!" apparu spontanément sur les barrages et dans les manifs, et qui reste une revendication unitaire des gilets jaunes. Quant aux demandes de changements institutionnels, c'est celui de l'Assemblée Constituante qui les concentre.
__________
Avant-hier, dans un billet sur ce site (Les médias, perroquets du pouvoir), j'ai écrit que les médias dans leur ensemble (même s'il existe bien-sûr des exceptions) mentaient et manipulaient l'opinion dans tous les domaines politiques sensibles, et notamment ces temps-ci autour du sujet des gilets jaunes. De telles déclarations menacent-elles la liberté de la presse? Dans mon texte je prétendais justement que c'est par ce comportement que les médias eux-mêmes menacent cette liberté, renvoyant un certain nombre de citoyens vers les "réseaux sociaux", en quête d'informations non biaisées, ce qui bien entendu est un leurre.
Ce matin je découvre ce billet Photo retouchée, qui nous apprend que, sur une photo publiée par France 3, une banderolle "Macron dégage" a été retouchée, le mot "dégage" ayant été effacé. On se croit revenu au temps des propagandes hitlériennes et staliniennes, par exemple à ces photos de Lénine à la tribune où la présence de Trostky en-dessous de celle-ci avait disparu.
Bien entendu, France 3 dément toute intention de désinformation: "La chaîne, accusée de censure après avoir diffusé cette photo retouchée lors de son journal télévisé de samedi, a tweeté dimanche qu'il n'y avait « aucune volonté de masquer cette pancarte », invoquant « une erreur humaine » et précisant que « cela ne se renouvellera pas. »". A d'autres!
S'il y a une "erreur humaine" quelque part, ne serait-ce pas celle d'avoir Macron comme président de la République?
Dans mon billet sus-cité, je soulignais que le mot d'ordre "Macron démission!" concentrait les revendications des "gilets jaunes" et que c'est pour cela que les médias ne l'évoquaient quasiment jamais. C'était moi qui faisais de la propagande?
Un collectif de 70 chercheurs et universitaires vient de rendre publique une étude sociologique (La révolte des 'revenus modestes'.) qui, interrogeant les gilets jaunes sur leurs motivations, établit les faits suivants: "Près d’un sur cinq déclare être là pour protester contre le gouvernement actuel et demande la démission d’Emmanuel Macron, évoquant l’« arrogance » de l’exécutif. Les termes de « monarchie », d’« oligarchie » ou de « dictature » reviennent pour souligner son caractère illégitime. On voit poindre le 24 novembre, puis se confirmer le 1er décembre, la demande de réformes institutionnelles. Un dixième des enquêtés demandent des réformes institutionnelles."
En revanche, dans cette enquête, datée du 11 décembre, les mots de "référendum", "référendum d'initiative citoyenne" (RIC) et "référendum d'initiative populaire" n'apparaissent pas une seule fois, ce qui indique, à tout le moins, qu'à cette date ils n'avaient pas encore fait leur apparition sur les ronds points et dans les manifestations. Comment se fait-il alors que le mot d'ordre du RIC soit apparu depuis, permettant à France Info d'écrire ce matin ( Annonces d'Edouard Philippe): "Edouard Philippe promet la tenue d'un débat sur le référendum d'initiative citoyenne (RIC), une des principales revendications des 'gilets jaunes'. « Je ne vois pas comment on peut être contre son principe. Le référendum peut être un bon instrument dans une démocratie, mais pas sur n'importe quel sujet ni dans n'importe quelles conditions. C'est un bon sujet du débat que nous allons organiser partout en France. Comme l'est le vote blanc », fait valoir le chef du gouvernement."
"Une des principales revendications des gilets jaunes", vraiment? Ne serait-ce plutôt pas, comme je l'ai déjà suggéré, un contre-feu allumé par certains esprits bien intentionnés, en dehors comme au sein des gilets jaunes, pour éteindre le mot d'ordre "Macron démission!'. Il est difficile d'en douter.
Les gilets jaunes veulent la démission de Macron et de son gouvernement haï dans tout le pays. Ils veulent "des réformes insitutionnelles", mais véritables, pas des pièges en trompe-l'oeil comme le RIC. De manière concentrée, même s'ils ne le formulent pas ainsi, ce qu'ils veulent c'est la fin de la Ve "République" bonapartiste de de Gaulle, de la "République" du 49-3, de la République au service des riches, contre les services publics et les travailleurs, de la République qui sème la mort dans des campagnes militaires dans plusieurs continents, et depuis peu de l'Etat d'Urgence permanent. Et pour cela quel mot d'ordre est plus simple et compréhensible pour tous que celui d' "Assemblée Constituante"?