18 Janvier 2020
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La recrudescence de la violence dans la lutte des classes, de la part de militants, grévistes ou syndicalistes ou de 'black blocs", ne s'explique pas seulement par la violence du pouvoir, par sa politique ultra-réactionnaire, ou par la violence de la répression policière, mais aussi par l' "incapacité" des organisations de la classe ouvrière à ouvrir une solution pour combattre ce gouvernement.
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Le problème du terrorisme politique au service soi-disant du peuple n'est pas nouveau. Illustré au 20e siècle par des organisations comme les Brigades Rouges italiennes ou la Bande à Baader allemande, ce mode de combat de la classe ouvrière existait déjà au 19e siècle, de la part notamment d'organisations anarchistes. Toute l'histoire des deux derniers siècles a démontré que ce mode d'action profite toujours, en définitive, au pouvoir et aux exploitants, et ne fraye pas la voie à la prise de pouvoir par les travailleurs et leurs organisations.
Ce n'est pas un hasard si l'un des sujets qui divisa la Première Internationale fut justement cette question du terrorisme individuel ou collectif, prôné par certains anarchistes et combattu notamment par les marxistes, qui réussirent penant toute une période à marginaliser ce type d'actions contre-productives.
Leur résurgence dans la deuxième moitié du 20e siècle fut la conséquence du muselage des mouvements révolutionnaires, et même simplement revendicatifs et défensif, du mouvement ouvrier par le stalinisme. Cette résurgence est peut-être encore plus forte aujourd'hui, avec la présence permanente des blacks blocs dans les manifestations, et la multiplication des actions "coups de poings" collectives ou individuelles contre les symboles ou les représentants du pouvoir. Bien entendu, elles trouvent leur racine ultime dans la violence de ce pouvoir contre toute la population, au service d'une toute petite frange de privilégiés, et de manière plus proche et immédiate dans la répression policière, sans équivalent en France depuis la guerre d'Algérie. Mais elle s'explique surtout, aujourd'hui, par l' "incapacité", ou plus exactement la "non-volonté", des dirigeants des organisations de la classe ouvrière, syndicats et partis, et plus largement des organisations démocratiques, à ouvrir une solution à la situation politique actuelle et à combattre victorieusement ce gouvernement, qui n'est fort que de leur faiblesse, tant ils sont effrayés par les perspectives révolutionnaires qu'ouvrirait une défaite de ce dernier.
Il en irait fort différemment si, au lieu de persister à vouloir "négocier" (sans vraie négociation) avec ce gouvernement, ces dirigeants quittaient tous ces tables de "négociation" et appelaient à la Grève Générale illimitée jusqu'au retrait intégral et sans condition du projet de loi sur les retraites.